Dans le thème si important pour des catéchistes de la transmission de la foi, découvrons ensemble une catéchiste de feu et sa pédagogie.
Cette religieuse française était une contemporaine de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
Bienheureuse Eugénie JOUBERT a vécu à l’avance un point cher au cœur du pape François : plus que faire le catéchisme, il s’agit d’être catéchiste !
Par sa foi en la grâce, par sa vie intérieure intense, par sa bonté, par sa vie eucharistique, par son union avec la Vierge Marie, par sa joie contagieuse…
Pour marcher sur ses pas, peut être pourrions nous choisir de vivre un des secrets qui furent les siens …
Pour découvrir la pédagogie de la Bienheureuse Eugénie Joubert, continuez la lecture de cette page ou visionnez la présentation.
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Lorsqu’elle était au Puy et durant les 4 années qu’elle a passées en banlieue parisienne, la Bienheureuse Eugénie fut chargée de la catéchèse.
Les débuts sont difficiles. Les sœurs sont confrontées à des enfants indisciplinés, souvent livrés à eux-mêmes, ils sont très nombreux souvent 50 ou 60.
Ils n’ont pas reçu d’éducation dans leur famille, la plupart de ces enfants ont du mal à l’école et des moyens intellectuels limités…
Dans ce contexte difficile, elle emploie le seul moyen qu’elle connaisse : la charité.
Ceci a tellement touché ses contemporains, que l’un des témoins dit lors de son procès de béatification :
« Je désire qu’elle soit donnée comme modèle aux catéchistes ».
Ceci s’est réalisé quelques années plus tard, quand en 1994 le Saint pape Jean Paul II en béatifiant cette jeune religieuse inconnue de tous la donna en modèle aux catéchistes :
« Sœur Eugénie Joubert, religieuse de la Congrégation des Sœurs de la Sainte Famille du Sacré-Cœur, nous est proposée en vivant exemple de l’action de Dieu dans un cœur humain. Le Règne du Christ peut commencer dans le cœur d’un enfant. C’est ce qu’a compris Sœur Eugénie et c’est pourquoi elle mit tant de soin à préparer les plus jeunes à la première confession et à la première communion. …Sans cesse, l’Église fera retentir les paroles du Seigneur : « Laissez venir à moi les petits enfants ! » » (Extrait de l’homélie lors de sa béatification, 20-11-1994).
Comme Eugénie JOUBERT n’a pas laissé une petite méthode, c’est à partir de témoignages que l’on peut avoir une idée de la pédagogie qu’elle utilisait.
La plupart des citations viennent d’un vieux livre écrit avant 1911… à peine 7 ans après sa mort.
C’est-à-dire que ce sont des témoins proches de Sœur Eugénie qui ont rapporté ces faits !
Le vocabulaire semble parfois désuet, mais ces écrits ont plus de 100 ans !!
Malgré les conditions difficiles, pour cette jeune religieuse, les témoignages sont unanimes : Sœur Eugénie a merveilleusement conduit les enfants à Jésus.
Quel est donc son secret ?
Les faits historiques relatés dans le livre Sœur Eugénie Joubert, religieuse de la sainte Famille du Sacré-Cœur, (1876-1904), permettent de mettre en avant 7 bons conseils qui pourront aider les catéchistes.
Cette petite sœur qui a manqué d’affection et de tendresse lors de son enfance sait plus qu’une autre combien c’est l’attention, la bonté qui ouvre le cœur d’un enfant.
« On se rappelle encore un pauvre petit du nom de « Buffart » qui fut, grâce à Sœur Eugénie, parfaitement préparé à sa Première Communion. A demi paralysé, sans autre asile qu’un misérable grenier où se trouvait le grabat qu’il pouvait à peine quitter, le pauvre infortuné vit bientôt un rayon du ciel éclairer sa solitude.
Sœur Eugénie lui apprit que la Sainte Vierge était sa Mère, qu’elle l’aimait et, du haut du ciel, veillait sur lui.
Elle lui expliqua encore que la prière trouve toujours le chemin du Paradis, que la Mère du divin Sauveur est attentive au moindre appel de ses enfants d’ici-bas.
Et le cœur de Buffart s’ouvrit à ces perspectives radieuses que, jusqu’alors, il n’avait pas même soupçonnées. Il se prit à aimer beaucoup la Sainte Vierge ; il offrit à cette Mère toute bonne les trésors de tendresse que renfermait son pauvre cœur meurtri. Tous les soirs, dans le froid et la solitude de son grenier, il la priait avec amour. Et quand on sait quelles merveilles la Sainte Vierge accomplit dans un cœur qui s’abandonne à Elle, on comprend que Monsieur le Curé, qui avait recommandé aux Sœurs le pauvre enfant, ne pouvait assez admirer la transformation opérée en cette âme, et son amour si vrai pour Jésus et Marie. » (p. 90)
Sœur Eugénie s’intéresse à chacun avec un dévouement inlassable.
Avec les enfants, elle agit comme avec les sœurs de sa communauté, cela se résume en ces mots : « AIMER DAVANTAGE ».
Une de se ses sœurs témoigne : « Comme elle était bonne pour nous ! … Elle était pleine d’attentions et de prévenance. Autant elle s’oubliait elle-même, autant elle pensait à nous. »
« Au catéchisme, notre chère Sœur avait le don de captiver les enfants, de soutenir leur attention et de s’en faire beaucoup aimer. Jamais elle ne les brusquait ; toujours elle restait avec eux douce et patiente ; et pourtant, à ce moment-là, nous en avions de terribles ; mais elle faisait beaucoup de bien. » (p. 91)
Sœur Eugénie, qui lutte souvent contre la vivacité de son caractère, nous livre d’ailleurs un de ses secrets pour être douce en écrivant dans ses notes spirituelles :« Douceur envers les petits enfants. Lorsque l’un d’eux plus turbulent que les autres, provoque en moi l’impatience, penser à la douceur et à la patience de Jésus envers moi, malgré mes infidélités »
La petite Sœur leur en impose par sa vie intérieure intense. Elle croit que Jésus est toujours avec nous : Il peut, Il veut agir en nous, et par nous.
« A force de prière, de vie intérieure, Sœur Eugénie arrive à faire passer dans le cœur des enfants quelque chose du feu d’amour qui embrasait le sien » (p. 89)
L’ascendant qu’elle exerçait sur les « fortes têtes » du catéchisme les lui faisait souvent attribuer en partage.
Faut- il ajouter qu’elle ne ménageait à l’intention de ces chers enfants ni prières, ni sacrifices ?
Lorsqu’approchait l’époque de la Première Communion, raconte une sœur on voyait Sœur Eugénie prier avec plus de ferveur encore. « Nos pauvres petits enfants, disait-elle, comme nous devons prier pour eux et nous sacrifier, afin de leur obtenir la grâce de faire une bonne première communion. » (p. 92)
Sœur Eugénie voyait arriver avec bonheur les retraites de communauté : « Nous allons faire provisions de grâces pour nous et nos petits enfants, car on ne peut donner que ce que l’on a. ».
Elle sait que sans Jésus on ne peut rien faire de bon. Elle croit en la puissance de la grâce. Elle fait provision de grâces en étant très unie à Notre Seigneur par la prière, par l’offrande d’actes de vertus et des sacrifices.
Les enfants sentent bien que cette jeune sœur croit en ce qu’elle enseigne : elle vit elle-même les vérités de la foi.
« Pendant un certain temps, Sœur Marie s’était trouvée avec Sœur Eugénie et disait un jour : « Nous étions bien peu nombreuses alors et les enfants, au contraire, nous arrivaient en bandes interminables. A certains jours, la salle était comble ; soixante-dix, quatre-vingt pour deux ou trois Sœurs ! … Eh bien, on eût entendu voler une mouche pendant le catéchisme, et nous faisions de ces chers petits, si turbulents d’ordinaire, tout ce que nous voulions. Emerveillée, la Sœur à laquelle s’adressait Sœur Marie, l’interrogea : « Certainement, lui dit-elle, vous aviez un secret pour réussir de la sorte ? » Notre secret, fit en souriant Sœur Marie, ah ! Il était bien simple ! Au moment de notre départ pour Aubervilliers, ma Mère nous dit à Sœur Eugénie et à moi : Le succès de vos catéchismes est attaché à votre fidélité. Sœur Eugénie recueillit dans son cœur cette parole, bien résolue à la mettre en pratique de son mieux. Si vous l’aviez vue à l’œuvre ! J’étais dans l’admiration de sa fidélité à la Règle, aux plus petites recommandations de l’obéissance, aux moindres usages et coutumes de la Sainte Famille du Sacré-Cœur » (p. 93)
« Elle n’est pas religieuse d’un côté, catéchiste de l’autre, c’est tout un. Les enfants sentent bien que cette religieuse croit et vit ce qu’elle enseigne…elle prêche d’exemple. »
Notre bienheureuse catéchiste nous fait ainsi découvrir que si on ne vit pas ce qu’on enseigne, ce sont juste de beaux discours mais, cela porte très peu de fruits.
Les enfants se ne laissent pas tromper, ils cherchent en nous des témoins, c’est-à-dire des personnes qui prêchent par leur vie, par leur fidélité, par leur exemple.
La jeune religieuse vit proche de la Sainte Vierge, des saints et des anges, et s’appuie sur eux. Elle communique aux enfants sa tendre dévotion envers la Vierge Marie. Le témoignage du pauvre petit Buffart, cet enfant isolé et handicapé, le montre bien : suite aux visites de Sœur Eugénie, « le cœur de Buffart s’ouvrit à ces perspectives radieuses que, jusqu’alors, il n’avait pas même soupçonnées. Il se prit à aimer beaucoup la Sainte Vierge. »
« L’aptitude spéciale que Sœur Eugénie possédait pour instruire les enfants les plus dénués du côté de l’intelligence a toujours été remarquée de ses compagnes. Il y avait là certainement un don de Dieu, mais elle y joignait comme nous l’avons dit une patience infatigable ; puis, elle mettait toujours la sainte Vierge de la partie. Maintes et maintes fois, montrant à ses pauvres petits une image de la divine Mère, elle leur faisait répéter avec elle : « Ma bonne Mère, aidez-moi à apprendre mon catéchisme ». Elle avait obtenu la permission de leur faire faire tous les jours un pèlerinage à Notre Dame des vertus, à Aubervilliers. » (p. 88)
La catéchèse mariale de la Bienheureuse Eugénie est faite certes de paroles, de propositions de démarches concrètes mais elle est avant tout le fruit d’une tendre dévotion à la Vierge Marie. Sœur Eugénie recourait à la sainte Vierge en tout, surtout lorsqu’elle était tentée de se décourager. Elle disait : « Avec Marie, on peut tout ! ».
Elle recourait aussi souvent aux anges, spécialement ceux des enfants qu’elle catéchisait.
Des témoins ont rapporté qu’Eugénie, à l’âge de 17 ans, communiait tous les jours où cela lui était possible, elle aimait prier devant le tabernacle. Ainsi la bienheureuse Eugénie par son âme eucharistique a pour but de mettre l’enfant en relation avec Jésus présent dans l’Eucharistie.
« Sœur Eugénie mettait toute son énergie à préparer à la première communion les enfants. Elle accompagnait parfois des enfants qui n’avaient pas pu la faire auparavant. Gaston pour aider sa famille à vivre était apprenti chez un traiteur à 13 ans… Très pris par son travail, il descendait parfois à la cave apprendre son catéchisme. Elle sut inspirer à cet enfant un grand désir de sa première communion et un véritable amour pour jésus eucharistie : bien des fois, regardant le crucifix attaché à la muraille, il disait : « quand je ferai ma première communion je recevrais dans mon cœur Jésus Christ tout entier, tout vivant, et non pas comme il est là sur cette croix. » (p. 129)
Elle se dévoue pour que la première communion soit une vraie rencontre avec Jésus, consciente que cela marquera l’enfant pour toute sa vie. Elle montre l’importance d’une catéchèse eucharistique.
« Au catéchisme, notre chère sœur avait le don de captiver les enfants, de soutenir leur attention et de s’en faire beaucoup aimer. » (p. 91)
Quelqu’un de passionné est souvent passionnant !
Quelqu’un qui sait beaucoup de choses nous rend curieux de les découvrir !
Dans son cahier de catéchisme (entre 11 et 13 ans), avec une écriture appliquée, la jeune Eugénie retranscrit un résumé très riche de la foi de l’Église.
C’est le témoignage de son intérêt profond pour cette formation.
Notre Bienheureuse Eugénie savait intéresser les enfants car elle était pétrie de la foi de l’Église.
Elle nous donne aujourd’hui encore ce conseil : il faut vivre au cœur de l’Église, transmettre la foi de l’Église, l’approfondir, savoir en quoi et en qui nous croyons, se former, être enraciné dans notre foi pour qu’elle ne s’évapore pas comme la rosée au soleil !
Remercions la Bienheureuse Eugénie de toutes ces lumières que son témoignage nous donne…
Nous pouvons dire que c’est un modèle de catéchiste très actuel pour notre temps !
Pourquoi très actuel ?
– Parce qu’en nos temps marqués par l’angoisse, elle nous enseigne le chemin de la confiance.
– Parce qu’en nos temps où la sainteté semble hors sujet, elle nous la rend accessible par les petites choses de la vie quotidienne.
– Parce qu’en nos temps où tant de familles sont explosées, une bienheureuse qui a connu la souffrance et les tiraillements de bien des jeunes d’aujourd’hui saura rejoindre ceux qui souffrent d’un vide affectif.
Bienheureuse Eugénie nous invite à être catéchiste, à développer l’être plus que le faire, à développer notre vie spirituelle… Pour que l’Amour de Dieu déborde de notre cœur dans le cœur des enfants et des jeunes !
Les jeunes ne s’y tromperont pas ils ont besoin de témoins plus que de maitres ou de maitres qui sont avant tout des témoins.
Bienheureuse Eugénie aidez-nous à être catéchistes !
Bénissez-nous ! Bénissez les enfants et les jeunes !
Programme complet de la célébration
du 30ème anniversaire de la béatification de Soeur Eugénie Joubert
du 15 au 24 novembre 2024 à Yssingeaux
Article paru dans le magazine l’épervier de novembre 2023